Dans les nations du bassin méditerranéen, notamment en Grèce et en Turquie, on observe fréquemment l'utilisation d'un motif représentant un œil bleu. Cependant, cette présence ne se limite pas à des raisons esthétiques. Ce symbole envoûtant, arborant une configuration de cercles en bleu foncé, blanc, bleu clair et noir, possède une signification bien plus profonde dans les pays autrefois sous l'égide de l'Empire ottoman. Son objectif majeur est d'apporter une protection contre le mauvais œil.
La croyance en l'influence néfaste du mauvais œil prend racine et se propage au sein de l'Empire ottoman, une sphère culturelle et religieuse ancrée dans l'islam. Au cours du XVIIIᵉ siècle, cette conviction gagne en importance en étant élevée au rang de talisman, une réponse tangible à la crainte que suscite le regard jaloux ou envieux d'autrui. C'est à cette époque que l'icône de l'œil bleu fait son apparition, agissant comme un leurre visuel, délibérément conçu pour captiver l'attention de ceux qui portent des intentions malveillantes. Le but ultime de ce symbole est d'annuler les effets pernicieux que pourrait avoir un regard chargé de négativité.
Il est remarquable que la fabrication de ces yeux bleus, emblèmes protecteurs, soit confiée aux artisans verriers d'ascendance arabe qui résident dans la ville d'Izmir, qui se trouve aujourd'hui en Turquie. Ces artisans sont responsables de donner forme à cette amulette dotée de cercles enchevêtrés en bleu foncé, blanc, bleu clair et noir, prenant la forme d'une goutte. La conception minutieuse de l'œil bleu vise à attirer les regards susceptibles de porter atteinte et à détourner les énergies nocives, renforçant ainsi la croyance ancienne en la protection contre le mauvais œil.
À la suite de la Guerre d'indépendance grecque (1821-1829), un chapitre nouveau s'ouvre, alors que la Grèce rompt les liens contraignants de la domination ottomane. C'est à ce moment que l'œil bleu subit une transformation, façonnée avec expertise par les mains habiles des artisans d'Athènes. Désormais affublé du nom « Nazar boncuk » dans la langue turque et « matiasma » dans le lexique grec, ce talisman revêt une essence toute particulière et devient l'objet porte-bonheur de prédilection pour les populations méditerranéennes.
Tyrha 🧿